Les principales transactions dans le secteur Agroalimentaire en 2023

Un secteur à nouveau marqué par les enjeux climatiques et l’inflation

Dans la continuité de 2022, année la plus chaude que la France ait connue depuis le début du XXe siècle, l’année 2023 se classe au deuxième rang des années les plus chaudes sur notre territoire. Avec une température moyenne de 14.4 °C, l’anomalie thermique sur l’ensemble de l’année atteint +1.4 °C (par rapport aux normales 1991-2020). De ce fait, le secteur agroalimentaire a de nouveau été perturbé en 2023, par le facteur météorologique, mais également par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. La guerre en Ukraine a complètement perturbé les cours des matières premières en Europe : le coût de l’énergie, des intrants, de la main d’œuvre et de l’alimentation animale ont explosé. Le tout est accentué par un empilement des normes européennes, des charges en hausse et par une concurrence déloyale sur fonds d’aides à l’Ukraine qui met à mal le secteur agroalimentaire français.

Des variations prononcées dans la production et les prix

En 2023, l’évolution des productions nationales présente des disparités marquées, avec une augmentation notable pour les céréales, les oléagineux, les pommes de terre et la vigne, tandis qu’une diminution est observée pour les betteraves et la plupart des fruits et productions animales. Parallèlement, les prix des produits agricoles à la production (IPPAP) connaissent une baisse annuelle de 3,0 %, après avoir connu une augmentation significative de 23,1 % en 2022. Cette augmentation avait été stimulée par une forte accélération des prix des matières premières agricoles et énergétiques, en lien avec le conflit en Ukraine. Bien que les prix demeurent élevés, surpassant de 19,4 % ceux déjà élevés de 2021, ils refluent au cours des dix premiers mois de l’année, principalement en raison d’une baisse marquée des prix des céréales (-27,0 %) et des oléagineux (-36,1 %), résultant d’une offre mondiale abondante et d’une concurrence intense des grains russes.

En ce qui concerne les vins, la demande limitée par rapport aux disponibilités, notamment à l’échelle internationale, exerce une pression à la baisse sur les prix. L’évolution des prix des fruits et des légumes varie selon les espèces. Malgré une augmentation moyenne des prix des productions animales sur l’année, une demande peu dynamique dans un contexte de réduction du pouvoir d’achat conduit à une baisse des prix en fin d’année. Dans le même temps, les prix d’achat des intrants pour les agriculteurs enregistrent une légère détente de 0,5 % sur un an, après avoir connu une hausse de 22,9 % en 2022. Cette détente est attribuable au recul des prix des engrais (-22,0 %) et de l’énergie (-4,2 %), malgré une augmentation du prix des aliments pour animaux (+2,9 %).

En conclusion, selon les estimations de l’Insee, en décembre 2023 les prix des produits alimentaires auraient augmenté de 3,7% par rapport à décembre 2022.

Sources :

1. Bilan conjoncturel du secteur agroalimentaire
2. Chiffres clés du secteur
3. Une perturbation des cours

Bilan des fusions-acquisitions

AURIS Finance a recensé 132 opérations en 2023 dans le secteur de l’agroalimentaire impliquant au moins une contrepartie française (acquéreur ou cible).

Parmi les 132 opérations recensées, 15 ont été réalisées par des acquéreurs étrangers (acquisition de Courvoisier par l’italien Campari, acquisition de Cognac Larsen par les britanniques International beverage ou encore le groupe polonais Stock Spirit Group qui rachète Clan Campbell au groupe français Pernod Ricard) représentant 11% du total des opérations.

Par ailleurs, 21 opérations (16% du volume des transactions sur l’année) ont été menées par des entreprises françaises en dehors du territoire national : acquisition par LDC du leader du marché polonais de la dinde Indykpol, acquisition de Marie Morin Canada par Lactalis ou encore Pernord Ricard qui rachète la marque américaine Skrewball Whiskey.

Les 96 opérations restantes ont toutes été réalisées entre acteurs français (rachat de Minuty par Moët Hennessy, acquisition de Hermes Boissons par le groupe Agromousquetaires ou même Maison Duprez qui rachète Goulibeur, opération conseillée à la cession par AURIS Finance.

Sur l’ensemble des 132 opérations réalisées, 48 ont été effectuées avec des fonds sur l’année (soit 45% du nombre total d’opérations recensées). Certains groupes industriels ont privilégié l’acquisition de sociétés par rapport à la construction de nouvelles usines afin d’accéder à une clientèle et un chiffre d’affaires déjà existants et afin d’intégrer une société avec du personnel en place au sein de l’entreprise cible, leur permettant de passer outre les difficultés de recrutements dans certaines zones géographiques.

D’un point de vue sectoriel, le secteur des boissons alcoolisées figure à la première place de notre classement, représentant 16% du volume des opérations recensées sur l’année (Enowe – Brana, Solexia – Domaine des terres de Velle…) suivi par le secteur des pains, biscuits, pâtisserie, confiserie avec 12% du volume des transactions (Morato – Usine Harry’s, La fabrique cookies – Les p’tits amoureux…). Une certaine harmonie est constatée dans les autres secteurs.

En conclusion, pour AURIS Finance quatre tendances majeures se confirment :

• Pour contrer l’envolée des prix, les Français ont réduit leurs achats de biens alimentaires et ont de plus en plus tendance à cibler systématiquement les premiers prix. Une consommation plus raisonnée est en train de s’installer et vient compléter la tendance des comportements plus respectueux de l’environnement (consommation locale, végétale…), qui reste cependant à nuancer.
• Après deux années consécutives de baisse du niveau de consommation de volaille des Français, la consommation repart en hausse (+4,1%) en 2023. La filière a bien su réagir après une période de deux ans marqués par l’influenza aviaire.
• Le secteur des boissons alcoolisées avait le vent en poupe en 2023 : 21 opérations contre 11 en 2022 et 13 en 2021. Après des années 2022 et 2023 marquée par des mois de sécheresse, l’industrie des boissons alcoolisés est resté dynamique et la France reste le premier producteur de vin dans le monde.
• Les fonds d’investissement portent toujours un grand intérêt pour le secteur agroalimentaire malgré un contexte difficile (guerre en Ukraine, inflation, protestations des agriculteurs…). Ils ont accompagné près de la moitié (45%) des opérations du secteur en 2023.