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21/04/2021

Grande distribution et plateformes de livraison : la nouvelle donne

livreur - service de livraison à domicile

livreur - service de livraison à domicileDésormais en France, Uber Eats et Deliveroo ne se contentent plus de livrer les plats confectionnés par les restaurateurs. La licorne américaine et la plateforme de livraison britannique travaillent de concert avec la grande distribution et s’engagent à livrer des centaines de références chez les particuliers en moins d’une heure. Un service fortement apprécié durant la crise sanitaire et qui devrait perdurer au-delà. Derrière ces nouvelles alliances, quelle est la stratégie des géants de la grande distribution ? Les experts d’AURIS Finance, cabinet de Conseil en Fusion-Acquisition,  livrent leur analyse.

En France, c’est l’enseigne Carrefour qui a ouvert la brèche. Le 6 avril 2020, alors qu’un premier confinement strict était en vigueur en France, le géant de la distribution annonçait avoir signé un partenariat avec Uber Eats. Initialement lancée à Paris et en Ile-de-France, cette alliance a ensuite été étendue à d’autres métropoles, permettant à des milliers de particuliers de bénéficier d’un service de livraison à domicile ultra rapide : l’enseigne s’engageant à livrer en moyenne en trente minutes après le passage de la commande.

Des partenariats qui s’inscrivent dans la durée

Une année plus tard, alors que la crise sanitaire se poursuit, ce service de livraison est en pleine expansion. Loin d’avoir mis fin à son partenariat avec Uber Eats, Carrefour s’est rapproché de la plateforme Deliveroo et décline son alliance dans plusieurs pays d’Europe tels que la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne. La plupart des grandes enseignes suivent la même tendance. Casino s’est ainsi placé aux cotés des deux start-ups concurrentes, tandis que Franprix et Monop’ sollicitent désormais les services d’Uber Eats. Enfin, l’enseigne Monoprix est désormais accessible via Amazon Prime Now dans cinq villes françaises. Un distributeur a néanmoins affiché sa différence. Il s’agit de Michel-Edouard Leclerc qui, sur BFM Business, revendique la différence des enseignes Leclerc : « Quand Carrefour va sur Deliveroo ou Monoprix va sur Google, le risque c’est qu’ils se « googlisent » ou se « deliverisent ». Notre challenge à nous c’est d’être moderne en restant Leclerc, faire du digital en restant local ».

La grande distribution est résolument entrée dans l’ère du digital

De fait, la crise sanitaire a durablement impacté les usages des consommateurs. Selon une étude McKinsey/EuroCommerce, en 2020, le e-commerce alimentaire a bondi de 60 % en Europe. En France, l’heure est à l’éveil écologique, chaque achat étant l’occasion de réaffirmer son engagement en faveur d’une consommation plus raisonnable et plus locale, à la condition néanmoins de respecter un budget prédéfini.

Un bénéfice très supérieur au risque d’image

Si pour les plateformes la livraison de produits de grande distribution fait partie d’une stratégie de diversification, que vont donc chercher les distributeurs auprès de ces plateformes ? La crise sanitaire a induit une forte progression des volumes de vente à distance, boostant le drive et la livraison à domicile. Cependant, ces nouvelles modalités d’acheminement pèsent sur les marges des distributeurs, d’où l’importance de trouver de nouveaux relais. « Le partenariat avec Deliveroo nous donne accès à un service national sans avoir à investir dans notre infrastructure ou des achats de trafic. Avec 102 magasins, nous n’avons pas la taille critique pour le faire en direct, d’autant que les clients limitent les téléchargements d’applications sur leur smartphone », explique à LSA Olivier Rego, directeur de l’enseigne Monop’. Un bénéfice réel, qui semble aller au-delà du risque image. En effet, au cours des derniers mois, les plateformes de livraison ont fait face à une réelle défiance de la part de l’opinion publique, notamment pour leur gestion des ressources humaines. Ainsi la très attendue entrée en Bourse de Deliveroo – fin mars 2021 – dont les ventes ont progressé de 54 % au cours de l’année 2020 – a fait flop : le titre a plongé dès les premières heures de cotation.