Six milliards et demi d’euros. Tel est le montant de la dette du géant Casino. Dans l’impossibilité d’honorer ses créances, le groupe vient d’entrer en procédure de conciliation. Quelles sont les raisons de cette débâcle ? Éléments d’explications par les experts d’AURIS Finance, cabinet de conseil en opérations de fusion-acquisition.
Qu’adviendra-t-il du groupe Casino ? Le mastodonte français de la grande distribution mené par son président-directeur général Jean-Charles Naouri doit aujourd’hui faire face à un défi de taille. Entré en procédure de conciliation en date du 26 mai, le groupe dispose de quatre mois pour trouver une issue favorable auprès de ses créanciers. Si la meilleure porte de sortie reste un accord afin de renégocier la dette, il est fort probable que le groupe doive se séparer de certains actifs afin d’honorer ses créances.
Stratégie de croissance externe offensive
Il faut dire qu’à ce jour, le groupe Casino est composé d’une myriade d’enseignes : Monoprix, Franprix, Vival, Spar, Naturalia, Cdiscount ou encore LeaderPrice. Le résultat de la stratégie de croissance externe initiée par le groupe dans les années 1990 et qui s’est accompagnée d’une diversification géographique. Casino, qui emploie 200 000 personnes à travers le monde (dont 50 000 en France), est aujourd’hui présent en Asie, en Afrique et en Amérique latine, avec 240 magasins affiliés dans 22 pays.
Mur de la dette
Autant d’acquisitions et de développements financés par la dette. Cependant, la rentabilité escomptée n’a pas été au rendez-vous. Dans un contexte inflationniste, les discounters – grâce à leur stratégie de petits prix – sont montés en puissance, au détriment des acteurs plus traditionnels de la grande distribution. Dans un marché ultra compétitif, le groupe Casino a réalisé de nombreuses cessions destinées à réduire la dette : en 2016, le géant se sépare de ses filiales en Thaïlande. Trois années plus tard, Casino cède les murs de 26 hypermarchés et de 67 Monoprix. Des mesures insuffisantes. En 2019 est initiée une première procédure de sauvegarde qui se soldera par la vente des magasins Leader Price à l’allemand Aldi. Désormais, la valeur de ce que possède le groupe ne couvre plus ses dettes. Pour le premier trimestre 2023, le groupe de distribution a publié de mauvais résultats commerciaux : les ventes de supermarchés se sont effondrées de 7,8 %, et celles de ses hypers de 12,4 %. Une situation qui installe les créanciers en position de force.
Vers une vente à la découpe ?
La procédure de conciliation pourrait aboutir à une renégociation de la dette couplée à la vente de certains actifs. Deux acteurs sont aujourd’hui positionnés en vue d’un éventuel rachat : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et le réseau d’enseignes Teract. En date du 24 avril, EP Global Commerce, véhicule d’investissement de Daniel Kretinsky, proposait une augmentation de capital d’un montant de 1,1 milliard d’euros. Une offre clairement conditionnée à « la réduction substantielle de la dette brute non sécurisée du groupe ». Le montant de cette dette non garantie par des actions s’élève aujourd’hui à 3,6 milliards d’euros. Teract, entité qui réunit notamment les jardineries de la coopérative céréalière In Vivo, entend également peser dans les négociations. En mars 2023, Teract signait un accord d’exclusivité avec le groupe Casino pour l’instauration de filières d’approvisionnement communes.
Nos experts à vos côtés
Les mouvements à venir du groupe Casino auront sans conteste des incidences sur l’ensemble de la chaine de valeur, des producteurs aux fournisseurs. Les experts d’AURIS Finance sont spécialisés par secteurs. Ils vous accompagnent dans l’instauration d’une stratégie long terme et vous conseillent dans vos projets de cession et d’acquisition d’entreprises.