Au cours des derniers mois, les mouvements se sont intensifiés dans le secteur de la grande distribution. L’acquisition des deux enseignes Cora et Match – propriété du groupe Louis Delhaize – par Carrefour ainsi que les lourdes difficultés rencontrées par le géant Casino posent la question de la pertinence du modèle d’affaires des hypermarchés. Décryptage par les experts d’AURIS Finance, cabinet de conseil en opérations de fusion-acquisition.
En mai 2023, Casino entrait en procédure de conciliation. Le mastodonte français de la grande distribution est aujourd’hui détenteur d’une dette de près de six milliards et demi d’euros. Avec un chiffre d’affaires de quelque 3,5 milliards d’euros, le groupe n’a pas respecté l’obligation d’avoir une dette brute qui n’excède pas 3,5 fois son excédent brut d’exploitation. Désormais, la reprise est en cours : le 27 juillet, le conseil d’administration de Casino a donné son feu vert au rachat du groupe par le trio composé de Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et d’Attestor. Malgré les nombreuses tentatives de redéfinition de son modèle stratégique, le groupe n’est pas parvenu seul à instaurer un modèle financièrement performant et s’est engagé dans une cession.
Les raisons de la débâcle
Après avoir apporté une révolution dans la vie quotidienne des Français, les hypermarchés perdent leur attractivité. Au sortir de la crise sanitaire, les consommateurs délaissent les grandes surfaces au profit des commerces de proximité. Quelques mois plus tard, la hausse de l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie entérinent la préférence des consommateurs français pour les enseignes à bas coûts. Mois après mois, les géants du low cost gagnent des parts de marché, au détriment des acteurs traditionnels. À elles trois, les enseignes Auchan, Carrefour et Cora, ont perdu collectivement 7 % de part de marché au cours des cinq dernières années. Pour les hypers, la débâcle est d’autant plus forte qu’ils ont tardé à prendre la mesure des changements d’habitudes des consommateurs.
Des mouvements trop tardifs
Au pied du mur, les grands hypermarchés ne sont plus en position de force. Dans une chronique au quotidien Les Échos, le consultant Gilles Goldenberg explique : « les mouvements de consolidation ou de restructuration ont tardé à se concrétiser ». Faute d’avoir réalisé des consolidations ou des changements stratégiques majeurs en temps voulu, les grands acteurs se retrouvent en très mauvaise posture pour une négociation auprès de potentiels repreneurs. C’est ainsi que le groupe Delhaize a récemment cédé ses deux enseignes Cora et Match au géant Carrefour. En l’absence d’un effet d’échelle suffisant, les deux marques étaient en perte de vitesse. En s’emparant des 60 hypers et des 115 supermarchés du groupe, Carrefour s’est offert une position de choix au sein de l’Hexagone. Néanmoins, le groupe maintient sa stratégie en déclinant son portefeuille de magasins d’un modèle d’hypermarché.
Moins grands, plus urbains
Pour capter et fidéliser les consommateurs, la plupart des grandes enseignes revisitent leur stratégie de petits prix, à grand renfort de communication autour du panier anti-inflation. Elles misent également sur le développement des marques distributeurs et intensifient leur présence en centre urbain. Le PDG de Casino, Jean-Claude Naouri, avait lui-même engagé son groupe dans une réorientation stratégique visant à se désengager des hypermarchés peu performants au profit des magasins de centre-ville. Si cette réorientation a permis de réduire le nombre d’hypermarchés Géant Casino (77 hypers en France à fin 2022 vs. 105 en 2020), elle n’a pas permis d’enrayer durablement la dette.
Nos experts à vos côtés
Le secteur de la grande distribution doit aujourd’hui faire face à de nombreux défis. L’une des clés de succès d’une opération de rachat ou de cession reste sans conteste la rapidité ainsi que la qualité des contreparties. Au sein du cabinet AURIS Finance, nos experts spécialistes de la grande distribution vous accompagnent dans la réalisation d’opérations structurantes.
