Les principales transactions dans le secteur Agroalimentaire en 2022

Un secteur fortement impacté par l’inflation et les tensions géopolitiques

À peine sortie des difficultés d’approvisionnement induite par la pandémie de Covid, le secteur agroalimentaire a de nouveau été perturbé en 2022 par de nombreux évènements : d’abord, la crise énergétique et la hausse du coût des matières premières liées aux conséquences de la guerre en Ukraine, qui se sont diffusées progressivement à l’ensemble du tissu industriel provoquant une poussée inflationniste, aggravée par une pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs (transport notamment). Enfin, la crise sanitaire animale (avec une épizootie de grippe aviaire à répétition) et une sécheresse inédite en Europe de l’ouest ont contribué à des augmentations spectaculaires pour certaines denrées et certains produits agricoles.

En décembre 2022, on estime la hausse des prix des produits alimentaires à +12% par rapport à janvier 2021, avec un pic sur certaines catégories de produits : +60% sur les huiles, +20% sur les pâtes, +16% sur la volaille, etc.

La crise énergétique latente combinée à la guerre en Ukraine a eu en effet un impact direct sur les prix de l’énergie. Le prix de l’électricité étant en constante augmentation, le gouvernement français a pris des mesures (bouclier tarifaire, amortisseur d’électricité) visant à limiter cette hausse (+120%) qui sinon aurait conduit à ce que la facture d’énergie des entreprises (comme en Angleterre) augmentent de manière encore plus violente. Concernant le gaz naturel, son prix a doublé (+103%) entre le 1^er semestre 2021 et le 1^er semestre 2022. Les emballages ne sont pas épargnés par la hausse des prix. On observe ainsi une hausse moyenne de +9.3% depuis le début de l’année 2022. Enfin, les difficultés d’approvisionnement (ex : huile de tournesol pour les produits frits et panés) augmentées par des ajustements logistiques couteux ont accentué la hausse des coûts et ont pesé de manière non négligeable sur la rentabilité du secteur agro-alimentaire avec un EBE en baisse de -16%, là où celui du secteur agricole a progressé de +12% sous l’effet de la hausse des prix de vente.

Cette hausse des prix exerce une influence sur le comportement des consommateurs. En 2022, 8 français sur 10 se sont adaptés au contexte inflationniste. Cette adaptation se matérialise par une hausse des ventes de marques de distributeurs – +0.7 pts de % en août 2022 par rapport à août 2021 – et une diminution des ventes de produits BIO de -10.1% sur la même période par rapport à l’année précédente. Ces tendances qui se sont confirmées fin 2022 devraient se maintenir encore en 2023.

La concurrence dans le prix des protéines favorise le secteur de la volaille

L’année 2022 dans le secteur des viandes de volaille fut marquée par une hausse du coût des matières premières et une seconde année de grippe aviaire. La hausse du prix des céréales – due à la guerre en Ukraine – nécessaire à l’élevage de la volaille, combinée à une seconde grippe aviaire, réduisant le volume disponible, et la hausse du prix des emballages ont inévitablement impacté le prix de vente des industriels. Ainsi, malgré une baisse de la consommation des ménages de -3% en 2022, les transformateurs de volailles ont augmenté leur chiffre d’affaires de +8% sur cette même année. Le secteur doit également répondre à une pénurie de main-d’œuvre. En juin 2022, 70% des dirigeants interrogés expliquaient faire face à un manque de candidats et de personnel qualifié.

Sources :

1. 1. Inflation produits alimentaires
2. 2. Hausse des prix alimentaires
3. 3. Aide de l’état
4. 4. Comportement des Français
5. 5. Prix du gaz et de l’électricité
6. 6. Hausse du prix des emballages
7. Volaille

Bilan des fusions-acquisitions

Auris Finance a recensé 130 opérations en 2022 dans le secteur de l’agro-alimentaire impliquant au moins une contrepartie française (acquéreur ou cible).

Parmi les 130 opérations recensées, 19 ont été réalisées par des acquéreurs étrangers (acquisition de BZ Groupe par l’américain Bunge, acquisition de Louis François par le suédois Novax, ou encore la cession par le groupe britannique Diageo de sa marque Picon au groupe Italien Campari) représentant 15% du total des opérations.
Les entreprises françaises sont impliquées dans l’acquisition de 24 sociétés étrangères sur l’année 2022, avec par exemple l’acquisition par le groupe Leduff de la société américaine Lecoq cuisine ou l’entrée au capital de PAI Partners dans la société autrichienne Savory Solution, ou bien le rachat de la majorité de Yoplait par Sodiaal auprès de General Mills. Ces opérations représentent 18% des transactions réalisées sur l’année.

Les 87 opérations restantes ont toutes été réalisées entre des entreprises françaises, avec par exemple l’acquisition par le groupe LDC de la société Matines, l’acquisition par Cité marine de Keranna production, filiale du groupe Agromousquetaires, la cession par le groupe NICOT de Pêcheurs de saveurs au groupe Guyader Gastronomie ou encore l’acquisition par le groupe Alliance de la société Oberti, ces 3 dernières opérations ayant été conseillées à la cession par AURIS Finance.

Sur l’ensemble des 130 opérations réalisées, 62 ont impliqué au minimum un fonds d’investissements, soit 47% des transactions. Cette proportion, en hausse par rapport à l’année dernière témoigne de l’intérêt persistant des fonds dans le secteur de l’agro-alimentaire, et ce, même dans une période d’incertitude économique.

D’un point de vue sectoriel, les secteurs les plus dynamiques sont : le secteur du pains, biscuits, pâtisseries et confiseries (ex : Groupe Gozoki – Sectal, investissement de Sagard dans Novepan…) représentant 11.5% des opérations réalisées dans ce secteur, suivi par les boissons alcoolisées avec 8.5% (ex : Artemis domaines – Maisons et domaines Henriot, Famille Moitry – Château Climens…), puis le secteur des produits salés avec 7.7% (ex : Olives et co – Ansolive, Artisan gourmet – Charpalor…)

En conclusion pour AURIS Finance quatre tendances majeures se confirment :

• L’année 2022 a subi le plus fort taux d’inflation depuis 1980 avec une inflation moyenne de +5.2%. Cette hausse significative des prix a influencé le comportement des consommateurs qui se sont détournés des produits BIO, plus chers, au profit de produits moins chers comme ceux distribués sous MDD.
• Malgré un contexte difficile pour le secteur de l’agroalimentaire (guerre en Ukraine, crise énergétique, etc.), l’intérêt des fonds d’investissements pour le secteur ne décroît pas, et se confirme avec 24 opérations de plus qu’en 2021.
• Le secteur des boissons alcoolisées figure toujours parmi les secteurs les plus dynamique. Le secteur du vin est plus actif que jamais, en effet on enregistre 9 des 11 transactions dans le secteur des boissons alcoolisées incluant au moins une contrepartie liée au vin (81%).
• Pour la 2^ème année consécutive, le niveau de consommation de volaille des Français a diminué (-3% en 2022). Cette baisse, initialement due à une prise de conscience des consommateurs vers une production plus responsable est aujourd’hui couplée à une hausse des prix. En effet, la guerre en Ukraine impactant le prix des céréales, la crise énergétique et la grippe aviaire limitant les volumes de productions, les transformateurs en répercutent une partie sur le prix de vente.