Chaque année, distributeurs et industriels de l’agroalimentaire entreprennent de nouvelles négociations commerciales. En mars 2023, les industriels ont obtenu une hausse moyenne de 9 % du prix d’achat de leurs produits par les acteurs de la grande distribution. Une victoire en demi-teinte, tant pour les industriels qui pâtissent de l’augmentation des coûts de production que pour les distributeurs qui peinent à contenter des consommateurs en recherche de petits prix. Explications par les experts d’AURIS Finance, cabinet de conseil en opérations de fusion-acquisition.
Cinq points de moins. Selon la réflexion menée par l’Observatoire des négociations commerciales annuelles, pour répercuter l’augmentation des coûts de production sur l’ensemble de la chaine de valeur, il aurait fallu faire progresser le prix moyen d’achat des produits des industriels de l’agroalimentaire de 14 %. Un accord a finalement été conclu avec les acteurs de la grande distribution à 9 %. Une augmentation sensible qui fait suite à une précédente revalorisation obtenue à l’issue de négociations exceptionnelles mises en place en juin 2022 afin de compenser la flambée des matières premières liée à la guerre en Ukraine. Entre mars 2022 et mars 2023, l’addition a donc flambé de 16 % pour les géants de la distribution.
Des industriels fortement éprouvés
Si cette augmentation annuelle à deux chiffres est inédite depuis l’instauration de la loi EGAlim, les industriels de l’agroalimentaire ne sont pas pour autant satisfaits. L’augmentation des coûts liés à la hausse de l’énergie, couplée à la pénurie de main-d’œuvre pèse sur leur niveau de marges et leur rentabilité. Pour faire face à l’augmentation de leurs coûts de production, ces fournisseurs peinent à renégocier leurs prix de vente à la hausse, face à des géants de la grande distribution qui imposent de nombreuses contreparties. Les ETI et PME qui disposent d’un pouvoir de négociation plus faible que les multinationales s’en trouvent particulièrement lésées.
Une répercussion sur le consommateur final
L’ensemble de la chaine de valeur traverse avec difficulté la période actuelle : selon les chiffres de l’Insee, l’inflation du prix des denrées alimentaires atteint 15 % sur un an au mois d’avril. En guise de soutien au pouvoir d’achat des consommateurs, le Gouvernement a imaginé le trimestre anti-inflation. Une mesure prolongée jusqu’à la fin de l’année 2023 et qui s’accompagne du chèque alimentaire à destination des foyers les plus modestes. Si les modalités de mise en place de paniers anti-inflation restent à la discrétion des géants de la distribution, cette mesure à un coût. Système U confiait ainsi à Europe 1 que si les ventes des 150 produits ont augmenté de 30 %, le panier a coûté plusieurs dizaines de millions d’euros à l’entreprise.
Les hard-discounters poursuivent leur percée
Les géants de la distribution qui parviennent à se distinguer sont ceux qui tirent les prix à la baisse, comme en témoigne l’engouement des consommateurs pour les magasins de hard-discounts. À l’inverse, les groupes qui ne parviennent pas à se distinguer au travers d’un positionnement prix attractif rencontrent d’importantes difficultés. C’est le cas par exemple du groupe Casino, entré au mois de mai en procédure de conciliation afin d’obtenir une renégociation de sa dette auprès de ses créanciers.
Faites-vous accompagner
Les distributeurs, comme les industriels de l’agroalimentaire, font aujourd’hui face à d’importants bouleversements. Pour les experts de la grande distribution, il s’agit de se démarquer par des prix compétitifs auprès de consommateurs au pouvoir d’achat en berne. Les fournisseurs quant à eux peinent à maintenir leur niveau de rentabilité face à l’envolée de leurs coûts de production. Dans ce contexte, des mouvements de rapprochements entre acteurs se dessinent. Les experts d’AURIS Finance, spécialisés par secteurs, se placent à vos côtés.