Bilan des Fusions Acquisitions dans le secteur Agroalimentaire en 2019

Bilan des Fusions-Acquisitions dans l’agro en 2019

Tour d’horizon des Industries Agroalimentaires (IAA) en France en 2019

La production agroalimentaire a peu performé en France en 2019. Malgré une augmentation de la production de céréales et de fruits, la faible luminosité au printemps, les fortes températures estivales et la sécheresse persistante sur l’année ont contribué à une baisse de la production des oléagineux, des légumes d’été et des vignes. La production animale s’est, quant à elle, maintenue avec une augmentation de la production porcine, bovine et ovine, mais un recul de la volaille, des œufs et des gros bovins. Pour la deuxième année consécutive, la production en volume des industries agroalimentaires est en repli sur un an à cause du recul de la fabrication de produits alimentaires (85% des IAA) et de boissons (15% des IAA).

Les prix à la production agricole se sont redressés de manière contrastée, impactant de ce fait les conditions d’exploitation du secteur de la transformation. Dans le détail, les prix des viandes et produits à base de viande sont en hausse, ainsi que ceux des produits laitiers sous l’effet du redressement des cours du lait. En revanche, les prix de tous les autres produits alimentaires (préparations et conserves à base de poisson et de produits de la pêche, produits à base de fruits et légumes, produits de la boulangerie-pâtisserie et pâtes alimentaires) sont en baisse.

L’excédent commercial des IAA s’est accru grâce à l’augmentation des exportations en particulier de boissons, compensant ainsi l’effet de la hausse des importations de produits alimentaires.

L’industrie agroalimentaire fait face au phénomène de « déconsommation » des ménages français

Les volumes de produits alimentaires du quotidien vendus ont baissé de 1,2 % en 2018 selon l’Insee, et nous pouvons penser que la tendance s’est poursuivie en 2019. Ceci s’expliquerait notamment par un changement d’habitudes de consommation des ménages français qui préfèrent acheter moins mais mieux. Le facteur démographique aggrave la situation avec une augmentation de la population s’établissant à 0,4% par an contre 1% auparavant. Enfin, nous assistons à un effet sablier qui se confirme depuis plusieurs années. En effet, les consommateurs achètent plutôt des produits haut de gamme ou bas de gamme au détriment des produits de milieu de gamme.

Bilan des Fusions-Acquisitions dans l’Agro en 2019

Dans ce contexte de baisse des volumes des ventes et d’érosion des marges brutes passant de près de 42% en 2016 à 36% en 2018, nous avons dressé un bilan des opérations de fusions-acquisitions sur 2019 impliquant au moins un acteur français.

Sur 142 opérations recensées, 17 provenaient d’acquéreurs étrangers (Acquisition de Neovia par l’américain Archer Daniels, acquisition de 21,6% du capital de Robertet par le Suisse Firmenich…), représentant 12% du nombre d’opérations. 13 opérations ont été menées par des sociétés françaises en dehors du territoire national (acquisitions par Lactalis du brésilien Itambe et de l’italien Nuova Castelli, ou encore OPA de Pernod Ricard sur l’américain Castle Brands), représentant environ 9% du nombre de transactions sur l’année.

Au total, les opérations transfrontalières ont représenté environ 21% des opérations de fusions-acquisitions en 2019. Les 79% restants sont des opérations qui ont été exécutées exclusivement par des contreparties françaises.

Part des opérations transfrontalières

72 opérations ont été réalisées par l’intermédiaire de fonds d’investissement, représentant 51% du total des deals, contre 70 (49%) par des industriels. Ces chiffres traduisent l’attrait des  fonds pour le secteur agroalimentaire, présentant de bonnes perspectives de retour sur investissement et des niveaux de TRI intéressants.

Part des opérations réalisées par des fonds d’investissement

En termes sectoriels, figure à la première place le secteur des boissons alcoolisées qui culmine à 12,7% des volumes de transactions (Pernod Ricard – Castle brands, Campari – Rhumantilles, Heineken – Gallia…), suivi par le secteur des produits secs avec 10,6% des volumes de transactions (acquisition par Nutrisens d’IDS Solutions Conditionnement) et la RHF (Restauration Hors Foyer) affichant également 10,6% des volumes des transactions (acquisitions par le groupe Bertrand du groupe Flo et de Léon de Bruxelles).

Répartition sectorielle des opérations réalisées (en nombre de deals)

Les cibles « Pure players bio » ont représenté 10% des transactions en 2019 (OPA de PAI sur le néerlandais Wessanen ou encore acquisition de Celnat par le suédois Midsona). 10 des 14 opérations (70%) sur des cibles bio ont été menées par des fonds d’investissement.

part des opérations sur des pure player bio

Ces chiffres reflètent l’intérêt croissant des entreprises agroalimentaires et surtout des fonds pour les acteurs du bio, mais ne représente encore qu’une faible part des opérations de M&A observées.

En conclusion pour AURIS Finance, quatre tendances majeures apparaissent :

• Engouement durable pour le secteur végétal, le bio et la production locale
• Intérêt moindre pour le secteur des produits carnés en déclin malgré des opportunités de consolidation de la filière
• Renforcement du lien entre la production agricole, la transformation agroalimentaire et la distribution (intérêt des filières agroalimentaires)
• Intérêt croissant des fonds d’investissement pour le secteur agroalimentaire, parfois considéré – à tort – comme désuet

Liste des opérations M&A : Fusions-Acquisitions, LBO et Levées de Fonds dans l’Agro en 2019

Source : CFNews