Le secteur de l’ingénierie poursuit sa croissance en 2023 malgré des défis persistants

Après deux exercices 2021 et 2022 marqués par un fort regain d’activité post-covid, le secteur de l’ingénierie continue sa croissance en 2023 mais ralentit légèrement.

Les sociétés de conseil en technologie ont mieux maintenu leur cap, enregistrant une croissance de 6,5% en 2023, après une hausse de 8% en 2022. Cette performance solide s’explique par la demande persistante des services liés à la révolution digitale, alimentée par les nouvelles technologies, et notamment les avancées constantes en intelligence artificielle. Celles-ci poussent les entreprises et les gouvernements à investir dans leur transformation digitale en externalisant leur R&D afin d’accéder à des compétences souvent indisponibles en interne. Les sociétés majeures telles que Capgemini, Assystem ou Alten ont bénéficié pleinement de la hausse des investissements dans la digitalisation, remportant des contrats significatifs comme celui signé entre Capgemini et le gouvernement britannique en mai 2023 (développement de la plateforme EBSA destinée au contrôle des frontières et de l’immigration).

Les ingénieristes de la construction ont connu un exercice plus compliqué : la baisse de l’activité des promoteurs et des CMIstes a entraîné une diminution des mises en chantier de logements collectifs et individuels, tandis que les surfaces non résidentielles ont également fléchi en raison des pressions financières exercées sur les entreprises et de la dégradation de la conjoncture économique (crise du logement liée à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt immobiliers, généralisation du télétravail post-covid, etc.). Les ingénieristes de la construction anticipent une croissance du chiffre d’affaires limitée à 1,5% en 2023 (vs. 3% en 2022), soulignant les difficultés rencontrées dans ce contexte économique incertain.

Cependant, les incitations à la décarbonation dans le BTP et les investissements dans la rénovation et la performance énergétique des bâtiments continuent de stimuler l’activité du secteur, laissant espérer une bonne reprise à moyen terme.

La rénovation et optimisation énergétique comme moteur du secteur

Cette tendance s’inscrit dans une évolution constatée depuis plusieurs années, s’accélérant depuis 2022 avec la hausse des prix de l’énergie engendrée par un double facteur économique (reprise rapide de la production mondiale post-pandémie) et géopolitique (conflits en Ukraine et au Moyen-Orient). Face à des coûts de production sous pression, la maîtrise des dépenses énergétiques devient cruciale pour les industriels et maîtres d’ouvrage du bâtiment. Dans cette perspective, les acteurs se concentrent sur des investissements futurs liés à la transition bas carbone. Contribuant à cette dynamique, les collectivités locales axent leurs politiques de smart city sur l’efficacité énergétique et environnementale. Cette tendance est également renforcée par l’intégration de la transition énergétique au Plan de relance gouvernemental, avec une allocation de 30 milliards d’euros dédiée à cette problématique. Dans ce contexte, le Décret Tertiaire obligeant les entreprises à agir pour l’amélioration de la performance énergétique de leurs bâtiments, ainsi que le Décret BACS imposant la mise en place de systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments, représentent des leviers significatifs. Les ingénieristes spécialisés sont de plus en plus sollicités pour accompagner les projets de transition, couvrant des domaines tels que la production d’énergie, la mobilité bas carbone, la décarbonation industrielle, la construction énergétiquement positive, et l’adaptation des territoires au changement climatique.

Les opérations de fusions-acquisitions comme solutions aux problématiques du secteur

Malgré les incertitudes liées au contexte géopolitique et le potentiel frein que constitue la hausse des taux d’intérêt, le secteur de l’ingénierie, que ce soit dans la construction, les procédés industriels, l’énergie, ou l’innovation, est resté dynamique en termes d’opérations de fusions-acquisitions en 2023.

L’analyse des opérations de fusions-acquisitions sur l’année révèle que de nombreux rapprochements d’entreprises ont été motivés par la nécessité d’acquérir ou de renforcer des compétences techniques en réponse aux enjeux de développement durable et d’amélioration de la performance énergétique, notamment dans les domaines du génie électrique et climatique (ex : acquisition de DEGRE CELCIUS par MYRIUM), de l’intégration de solutions GTB-GTC (ex : acquisition d’ENERGIMOTIQUE par NERCO), des diagnostics pour l’industrie (ex : acquisition d’EFICIA par HAGER GROUP) ou encore des mobilités bas carbone (ex : entrée de STELLANTIS au capital de SYMBIO).

Quelles perspectives pour 2024 ?

Des évolutions contrastées caractériseront l’année 2024 dans les divers segments de l’industrie. Les prévisions indiquent une progression de 4% des revenus pour les spécialistes du conseil en technologie, soutenue par les investissements continus des entreprises. En revanche, le chiffre d’affaires des ingénieristes de la construction devrait connaître une hausse modérée, se limitant à +0,5%. La détérioration de la conjoncture sur le marché de la construction de bâtiments neufs (logement et non-résidentiel) devrait tirer vers le bas l’activité du secteur. Par ailleurs, du côté des travaux publics, les arrêts de chantiers prévus en Île-de-France pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024 pourraient également participer au ralentissement du secteur. Ces effets défavorables seront toutefois en partie compensés par la demande en rénovation des bâtiments (logements, bureaux, écoles, hôpitaux, sites industriels…).

Sources :  Etudes Xerfi, Classement « Les Champions de la Croissance 2023 » par Les Echos et Statista

QUELQUES EXEMPLES D’OPÉRATIONS M&A RÉALISÉES SUR LE SECTEUR DE L’INGÉNIERIE EN 2023