En grande difficulté financière, le spécialiste de l’intérim digital a accumulé les dettes. Proman, groupe familial spécialisé dans le marché du travail temporaire et des ressources humaines, s’est immédiatement porté acquéreur. Décryptage par les experts d’AURIS Finance, cabinet de conseil en opérations de fusion-acquisition.
L’information a été révélée fin aout : Iziwork connait aujourd’hui d’importantes difficultés financières. Selon les révélations du site l’Informé, le leader de l’intérim digital serait redevable de 16 millions d’euros de TVA et d’URSSAF. Une somme à laquelle viennent s’ajouter 10 millions d’euros de dette bancaire, dont un Prêt Garanti par l’État. Pourtant, en 2022, le groupe annonçait – par la voix de son directeur général au quotidien Les Échos – avoir atteint de la rentabilité au sein de l’Hexagone. Au cours de l’année 2022, le groupe était parvenu à placer 50 000 intérimaires auprès de ses 2 000 clients entreprises, parmi lesquels de grands noms tels que Carrefour, Fnac Darty ou encore Casino. Avec un revenu annuel récurrent de 300 millions d’euros, Iziwork s’est doté d’objectifs de développement ambitieux, souhaitant conquérir l’Europe. Pour ce faire, l’entreprise innovante a réalisé plusieurs levées de fonds, portant le total des abondements à 55 millions d’euros.
Un modèle à redéfinir
Si le modèle disruptif permis grâce au couplage du digital et de l’intelligence artificielle a séduit les investisseurs, en revanche, la performance financière a été moindre qu’escomptée. « Une bonne partie de la forte croissance d’Iziwork s’est faite en signant des contrats peu ou pas rentables auprès de grands comptes. Pour gérer ces contrats tripartites, Iziwork délègue à des autoentrepreneurs, appelés les « Partners » d’Iziwork, une grande partie des tâches qui incombent habituellement aux agences d’intérim traditionnelles, et avec lesquels ils doivent partager une partie des honoraires », explique une source proche du dossier au site l’Informé. Des contrats peu rémunérateurs et des contres-parties aux acteurs tiers ont largement entaché les résultats du groupe. La fédération professionnelle du travail intérimaire Prism’emploi a elle-même pris ses distances avec les nouveaux entrants. « Le travail humain n’est pas une marchandise comme les autres », a ainsi argué Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi au site Les Échos Entrepreneurs.
Proman consolide son développement
En se positionnant sur Iziwork, Proman étend sa sphère d’influence. Au cours des derniers mois, le groupe s’est distingué par de nombreuses acquisitions. Une vingtaine au total, dont certains acteurs de l’intérim à l’étranger comme le néerlandais Timing. Présent dans 16 pays, Proman totalise 47 000 entreprises clientes, pour un chiffre d’affaires attendu en 2023 de 4,15 milliards d’euros. Avec le rachat d’Iziwork, Proman s’empare d’une technologie digitale de pointe et se positionne en challenger face aux géants du secteur. Les grands groupes de l’intérim et des ressources humaines ont d’ores et déjà fait leurs emplettes sur le marché des start-up. Ainsi, en septembre 2021, The Adecco Group s’emparait de la plateforme d’intérim 100 % digital Qapa. En 2022, c’était au tour de Randstad France de se positionner sur les services digitaux en mettant la main sur Side.
Nos experts à vos côtés
Avec le développement de l’intelligence artificielle, le secteur de l’intérim n’échappe pas à une réflexion sur son modèle d’affaires. Pour se positionner dans un marché en pleine évolution, les entreprises doivent aller vite, tout en soignant leur performance financière. Dans ce contexte, la recherche de partenaires financiers est clé. Le cabinet AURIS Finance est doté d’un pôle dédié aux entreprises du travail temporaire. Quel que soit votre projet : recherche d’un repreneur ou d’une nouvelle cible, nos experts vous accompagnent.