Après une année 2021 assez exceptionnelle concernant les fusions-acquisitions, 2022 a marqué un repli. En effet, le montant des transactions a chuté de 40% dans le monde et de 39% en France. Cependant, comparé à un niveau pré-crise sanitaire, le montant des transactions est en chute de 8% dans le monde et de 9,3% en France.
Dans ce contexte, le secteur des ressources humaines, bien qu’en légère régression, s’est maintenu à un niveau soutenu dans l’hexagone en 2022. Notre bilan 2021 recensait 30 transactions dans ce secteur contre 26 transactions pour l’année 2022. Tous les segments de marché sont concernés : travail temporaire, conseil en recrutement, management de transition, conseil RH, acteurs traditionnels et digitaux.
Une quantité moindre mais des typologies de transactions similaires. Que ce soit les majors du secteur ou les PME, l’appétit de l’investissement (croissance externe, prise de participations majoritaires ou levées de fonds) reste d’actualité. Cette baisse relative du nombre de transactions est notamment due à la croissance de l’inflation et la hausse des taux d’intérêts associés, fermant le robinet de l’argent à faible taux. La baisse fût néanmoins compensée par la nécessité des grands groupes d’offrir à leurs clients une couverture géographique plus vaste (intégration horizontale) et/ou une capacité à les accompagner à travers une palette de prestations RH élargie (offre de « global staffing »).
L’année 2022 a été marquée par deux très importantes transactions, avec l’acquisition de Timing (Pays-Bas) par Proman et l’acquisition d’Ergalis par Actual Leader Group. Les acteurs majeurs du secteur ont aussi été présents dans l’acquisition de nombreuses sociétés, c’est le cas de Manpower, Adequat ou encore House of HR. Enfin, deux startups, c’est-à-dire autant qu’en 2021, ont levé des fonds : Anywr (levée de 80M€) et Gojob (23M€).
Malgré des conditions moins favorables, AURIS Finance a accompagné cette année un plus grand nombre d’entreprises du secteur qu’en 2021. Avec une dizaine d’opérations, AURIS Finance conforte en 2022 sa place de leader sur les opérations de fusions-acquisitions auprès du secteur des RH.
Date opération | Acquéreur | Société Cible | Type d'opération | CA Cible (M€) | Activité Cible |
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2022-02 | GROUPE LEADER | RESSOURCES RH GROUP | Acquisition | n.d | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-02 | PROMAN | VHP ASSIST | Acquisition | n.d | TRAVAIL TEMPORAIRE & RECRUTEMENT |
2022-02 | AXCEL PARTNERS | ENEID TRANSITION | Acquisition | 0-20 | MANAGEMENT DE TRANSITION |
2022-02 | LES INTERIMAIRES PROFESSIONNELS | AGENTIS | Acquisition | 28 | RECRUTEMENT & INTERIM |
2022-03 | ERGALIS | INTERXPERT | Acquisition | 15 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-03 | ADEQUAT | PREMIO | Acquisition | 10 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-03 | INTERACTION | EBC INTERIM | Acquisition | 10 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-04 | 2CFINANCE | HR4TEAM | Acquisition | 0-20 | CONSEIL RH |
2022-04 | OXYGENE INTERIM | PROFILS EMPLOI | Acquisition | 8 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-05 | RANDSTAD | SIDE | Acquisition | n.d | INTERIM DIGITAL |
2022-05 | MENWAY | MCG MANAGERS | Acquisition | 5 | MANAGEMENT DE TRANSITION |
2022-05 | CCLD RECRUTEMENT | BATENBORCH France | Acquisition | 1 | RECRUTEMENT |
2022-05 | DERICHBOURG | CONTACT | Acquisition | 8 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-06 | PROMAN | TIMING | Acquisition | 630 | RECRUTEMENT & INTERIM |
2022-06 | NAXICAP, EURAZEO IM | ANYWR | Levée de fonds | 50 | RECRUTEMENT INTERNATIONAL |
2022-06 | MENWAY | PROS-CONSULTE | Acquisition | 4 | PREVENTION DES RISQUES PSYCHO-SOCIAUX |
2022-07 | MANPOWER | TINGARI | Acquisition | 36 | CONSEIL RH |
2022-07 | NETWORK INTERIM | TP INTERIM & ASSISTANCE | Acquisition | 5 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-08 | HOUSE OF HR | STAFFME | Acquisition | 5 | RECRUTEMENT DIGITAL |
2022-09 | ACTUAL LEADER GROUP | ERGALIS | Acquisition | 300 | GLOBAL STAFFING |
2022-09 | AMUNDI PRIVATE EQUITY FUNDS | GOJOB | Levée de fonds | 60 | RH DIGITAL |
2022-09 | PARTNAIRE | ADEVA | Acquisition | 20 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-10 | OMNES | EIM | Acquisition | n.d | MANAGEMENT DE TRANSITION |
2022-11 | PROMAN | TRADES MASTERS | Acquisition | 44 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-12 | ABOUTIR EMPLOI | TALENT NATURE | Acquisition | 2 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
2022-12 | NETWORK INTERIM | ADISPO SOLUTIONS RH | Acquisition | 4 | TRAVAIL TEMPORAIRE |
Focus sur l’activité du travail temporaire en 2022
Le marché du travail temporaire a continué sur sa lancée de 2021 tout en réalisant une petite correction. En effet, sa forte croissance a permis d’atteindre 865 000 ETP en janvier 2022, un record historique. Une tendance haussière obtenue grâce à une sortie de crise sanitaire, permettant une bonne dynamique économique. La vague Omicron a aussi profité au secteur, provoquant de nombreux arrêts maladies et laissant donc place à de nombreux remplacements. Cependant cette tendance s’est affaiblie courant 2022, avec des effectifs intérimaires en baisse sur la fin d’année. Le nombre d’ETP s’établirait à 809 400 fin novembre. À titre de comparaison, ce niveau d’ETP est dans la tendance de la période pré-crise de 2017 – 2019.
Les revalorisations successives du SMIC ont fait progresser les salaires des intérimaires. Cette progression a influencé à la hausse les taux de facturation des acteurs du travail temporaire. Un fait expliquant en partie la hausse du chiffre d’affaires du secteur, affichant une progression de 10,5% en 2022.
Par rapport à 2021, le nombre d’ETP est en hausse de 1,7% fin 2022. En fonction des secteurs, les tendances divergent. Sur un an, le transport-logistique et le BTP sont en reculs de 4,1% et 4,2% respectivement. Le secteur du commerce est en stagnation avec une variation de 0,1% d’ETP sur un an. L’hôtellerie-restauration est en croissance de 2,4% sur un an. Cependant la normalisation de la demande d’intérim dans ce secteur tend à réduire cette croissance. Enfin, l’industrie est le secteur le plus dynamique avec une hausse de 5,5% d’ETP sur un an. Un résultat principalement imputable au dynamisme de l’automobile et de l’aéronautique.
Au sein de cet environnement changeant, différentes tendances se manifestent en fonction de la qualification des travailleurs. Le nombre d’ouvriers qualifiés (+3,3%) progresse deux fois plus vite que la moyenne des autres profils.
Les régions françaises sont assez dynamiques, malgré deux régions en retrait. La région Bourgogne Franche-Comté est la plus dynamique avec une hausse de 9,3% sur un an. La majorité des autres régions françaises ont une activité en hausse similaire : Bretagne 4,5%, Occitanie 4%, Île-de-France 3,4%, Grand-Est 2,9%, Pays-de-la-Loire 2,8%, Normandie 2%, Auvergne Rhône-Alpes 2%, Centre Val-de-Loire 1,2%. Cependant, deux régions sont en baisse sur le nombre d’ETP : Hauts de France -4,1%, Nouvelle-Aquitaine -3,1%.
Principales tendances du secteur
Recherche d’une couverture territoriale étendue :
Les grands donneurs d’ordres du secteur exigent une couverture nationale pour traiter l’ensemble de leurs demandes de main d’œuvre. Pour densifier son maillage géographique, la création de nouvelles agences demande beaucoup de temps, et les difficultés de recrutement de personnel permanent compliquent la mise en œuvre de cette stratégie. De nombreux groupes associent à leur développement organique des opérations ciblées de croissance externe. À titre d’exemple, Partnaire a acquis Adeva permettant de densifier son maillage en région Bretagne. Ou encore la branche Intérim et Recrutement de Derichebourg qui s’est aussi étoffée avec l’acquisition de Contact, deux opérations conseillées par AURIS Finance.
Améliorer la réponse aux pénuries de mains d’œuvre :
Parmi les principales difficultés rencontrées par les acteurs du secteur, les difficultés de recrutement sont les plus importantes. Afin d’attirer de nouveaux candidats (poste CDD, CDI, intérim…), les acteurs du secteur ont mis en place différentes stratégies. Tout d’abord, de gros efforts de communication ont été réalisés. Des campagnes de communication envers différentes plateformes digitales ont été poursuivies (réseaux sociaux, plateformes de streaming audio, etc.). Une autre stratégie consistant à se tourner vers les personnes éloignées de l’emploi a aussi été initié (jeunes, seniors, etc.). Les acteurs du secteur ont aussi développé une gamme de services connexes envers les intérimaires. Des services financiers, RH ou même de covoiturage à l’instar de Manpower et son partenariat avec Blablacar Daily pour proposer un autre moyen de locomotion. Une stratégie permettant une croissance des recrutements et une démarcation face aux concurrents. Enfin, de nombreux acteurs proposent des programmes et outils afin de diriger les intérimaires vers des métiers porteurs, que ce soit par des programmes en lignes ou encore par des CDI intérimaires comprenant des périodes de formations en aval.
Continuité de la diversification des métiers :
Les acteurs du travail temporaire sont passés d’une offre simple de travail temporaire à une offre plus complète concernant les ressources humaines (formations, bilans de compétences, recrutement, outplacement, etc.). Le but étant de réduire leur exposition au travail intérimaire, et donc aux différentes conjonctures économiques. Certaines de ces activités sont d’autant plus lucratives que le métier historique. Enfin, les entreprises clientes souhaitent de plus en plus collaborer un seul et unique interlocuteur concernant un domaine d’activité. D’où une pertinence à la diversification des métiers proposés. Ce constat n’est pas une nouveauté car nous en faisions déjà état lors du précédent bilan. Une preuve de ce mouvement de fond, qui sera très certainement présent lors des prochains exercices.
Le 100% digital restreint à une petite part du marché :
Le digital se taille une petite part de marché dans ce secteur, animé principalement par les grands acteurs du marché : Randstad a acquis Side, imitant son concurrent Adecco ayant acquis Qapa en 2021. House of HR a repris Staffme, acteur digital du staffing d’étudiants.
La digitalisation du secteur ne vient pas s’opposer à des opérations de croissances externes plus traditionnelles. De nombreux acteurs investissent, sur leurs fonds propres, dans des outils technologiques afin de concurrencer les pure players du digital et/ou d’accompagner le travail des équipes internes, pariant sur une stratégie « phygitale » (modèle hybride).
Le marché du conseil en Ressources Humaines
Notre environnement a été chamboulé par la précédente crise sanitaire liée au Covid-19 et le monde du travail ne déroge pas à la tendance générale. Cela s’est retranscrit par une hausse des difficultés de recrutement. D’après une étude de Syntec Conseil, 37% des entreprises françaises placent dorénavant la disponibilité et la qualification de la main d’œuvre comme premier frein à la compétitivité. Toujours selon l’étude, près de 84% des dirigeants placent les difficultés de recrutement comme 3ème risque majeur pour leur entreprise. Un podium dominé par le coût de l’énergie suivi par le coût des matières premières. D’un point de vue plus large, d’autres facteurs viennent compliquer la donne. La hausse de l’inflation impose une hausse des coûts, dont les salaires. Le challenge entre rester compétitif et retenir ses salariés avec de bonnes conditions de travail se pose. Nous pouvons ajouter l’envie d’avoir plus de sens dans le travail auprès de certains collaborateurs et une appétence d’autant plus forte vers les enjeux RSE.
Face à une complexification de l’environnement, les entreprises gardent ce besoin existentiel : recruter de nouveaux collaborateurs. D’après le baromètre Apec 2022, le besoin de recrutement des entreprises françaises est en hausse de 8 points, par rapport à 2021. Cette tendance s’est portée à +6 points pour les grandes entreprises et +4 points pour les PME sur le dernier trimestre de 2022. Les cabinets de conseil RH et de recrutement ont donc eu une réelle carte à jouer.
Ces derniers ont profité d’une croissance de 12% en 2021 puis de 10% en 2022. Le contexte macroéconomique cité précédemment en est une cause majeure. Les cabinets de conseil RH et de recrutement ont été d’autant plus sollicités afin de combler ce manque de candidats. La forte appétence envers des postes tournés RSE a aussi contribué à la croissance des acteurs. Cette croissance s’explique aussi par d’autres facteurs. Les entreprises font appel aux cabinets de conseil RH et de recrutement pour leur croissante expertise. Que ce soit sur la compréhension des besoins ou encore sur la fine analyse des candidats, ils sont capables de proposer les meilleurs atouts à leurs clients. La spécialisation des cabinets sur certains secteurs d’activités permet aussi de répondre assez fidèlement aux exigences des entreprises clientes. Même si la spécialisation envers un secteur d’activité est un atout pour se différencier, de nombreux cabinets font le choix de se diversifier sur plusieurs secteurs afin d’éviter d’être touchés par une crise sur un secteur unique.
La croissance externe fait aussi partie des stratégies adoptées par les cabinets de conseil RH et de recrutement. C’est le cas de Manpower avec Tingari ou encore de Menway avec MCG Managers.
Quelles perspectives pour 2023 ?
L’activité des fusions-acquisitions pour 2023 devrait se maintenir à un honorable niveau dans le secteur des ressources humaines.
Le marché devrait continuer à se concentrer afin de réduire les contraintes du développement organique, notamment liées aux difficultés de recrutement et palier aux départs à la retraite de nombreux dirigeants.
En synthèse, nous attendons un niveau de transaction pour 2023 similaire à 2022.