Ingénierie : Bilan des Fusions-Acquisitions en 2020

Une dynamique de fusions-acquisitions malmenée par la crise du Covid-19

Après une année 2019 marquée par une croissance de 4% du secteur Ingénierie (donnée Syntec) et un optimisme affiché en tout début d’année 2020 par les chefs d’entreprise, notamment soutenu par plusieurs grands projets (Grand Paris Express, grand carénage nucléaire, rénovation du réseau ferré…), tout laissait à penser que cette croissance se poursuivrait.

À la suite du premier confinement en mars 2020, les intervenants du secteur se sont vu pénaliser par le gel de certains contrats, la suspension d’appels d’offres et l’arrêt des chantiers tant en bâtiment qu’en travaux publics. Le coronavirus a entraîné des difficultés d’exécution contractuelle pour les ingénieristes, les obligeants à prolonger leurs délais et à mettre en œuvre les mesures sanitaires gouvernementales impératives.

L’arrêt brutal de l’activité, tant sur chantier qu’en ingénierie, a fortement impacté la plupart des activités d’ingénierie (bâtiment, industrielle, géotechnique, aéronautique, …). Avec la mise en place du confinement et le recours massif au télétravail, seules les entreprises dont l’activité principale est basée sur les études ont su se démarquer.

Ainsi au premier semestre 2020, les opérations de fusions-acquisitions dans l’ingénierie ont été impactées par le contexte. Elles ont été peu soutenues, la faute à une incertitude sur la continuité de l’activité à un rythme ordinaire des cibles et des niveaux de valorisation remis en cause.

Selon le Syntec et le Cinov, au premier semestre 2020 et dans un climat très pessimiste, 90% des entreprises d’ingénierie anticipaient alors une baisse de leur activité sur le second semestre 2020.

Le second confinement n’aura eu qu’un impact mesuré sur les activités d’ingénierie, grâce à des restrictions assouplies par rapport à celui de mars dernier. L’activité a redémarré timidement, avec un niveau de commandes toujours impacté par les incertitudes et une guerre des prix entamée pour remporter des appels d’offres alors moins nombreux. Les niveaux de marge se sont dégradés, entrainant une légère baisse des valorisations.

Cependant les ingénieristes continuent d’évoluer dans un marché transformé par la crise.

Toutefois, les ingénieries multi-secteurs, notamment orientées vers les secteurs de l’énergie (ENR, nucléaires, …), l’environnement, la santé, la numérisation, etc, ont su maintenir un rythme habituel d’activité, voire même en progression en 2020.

En rapprochement d’entreprises, nous constatons d’une part, une demande continue de consolidation et de croissance externe en compétences « conseil et assistance technique », d’autre part une recherche d’élargissement d’offres de services rendus par les acteurs MOE / contractants généraux.

Des valorisations impactées

Au cours de cette année, les ingénieristes ont fait face à des problématiques de trésorerie en raison de la nature de leur activité. En effet comme le Syntec l’indique, elles sont des sociétés de services intellectuels sans réserve financière et qui ne peuvent pas stocker leur production.

En conséquence, plus de 60%(1) des entreprises d’ingénierie ont demandé des délais de paiement pour leurs échéances sociales et/ou fiscales en cours d’année, 1 entreprise sur 3 a eu recours aux fonds de solidarité et 1 entreprise sur 4 a contracté un PGE à la suite du premier confinement.

Le Covid a donc eu des répercussions sur les valorisations des transactions réalisées en cours d’année et devrait continuer à impacter celles qui s’achèveront prochainement. Les reports de charges, le PGE consommé, les coûts supplémentaires liés aux mesures sanitaires à mettre en œuvre, l’allongement des délais de paiement, la baisse du niveau de commande et des encours, …, les rebonds d’activité vers des « situations normales », sont autant d’éléments à prendre en compte actuellement pour mener à bien une évaluation d’entreprise du secteur ingénierie.

(1) Données Syntec (Baromètre Covid-19 : l’ingénierie alerte sur un risque de l’effondrement de l’économie)

Exemples d’opérations M&A en 2020 impliquant des acteurs français du secteur Ingénierie : Fusions-Acquisitions, LBO et Levées de Fonds