S’emparer d’une entreprise en vue d’intégrer, voire de supprimer une innovation majeure, tel est le procédé d’une killer acquisition. Cette pratique, souvent qualifiée de prédatrice, peut également être une source d’opportunités pour les sociétés cibles. Les experts d’AURIS Finance, cabinet de conseil en fusion-acquisition décryptent.
Qu’est-ce qu’une « Killer acquisition » ?
Est qualifiée de « killer acquisition », ou d’« acquisition tueuse », toute opération destinée à éliminer une innovation majeure au sein d’un marché donné. Très souvent, ce type d’opération est réalisé par une grande entité, à l’instar des géants du numérique ou des big pharma, qui voient arriver sur leur marché un concurrent avec une innovation pouvant être préjudiciable à la poursuite de leur activité. Dans ce cas, l’entreprise réalise l’acquisition de la société cible afin de tuer dans l’œuf l’innovation. Variante aux « killer acquisitions », les « acquisitions prédatrices » consistent à s’emparer d’une cible dans le but de renforcer une position dominante sur un marché. Dans ce cas, l’innovation peut être conservée par l’entité acquéreuse.
Une pratique fréquente chez les Gafam et les Big Pharma
Une récente étude réalisée par l’économiste Colleen Cunningham, analyse sur une période de vingt ans 16 000 projets R&D dans l’industrie pharmaceutique. Il constate que 6 % des acquisitions réalisées sur ces entreprises peuvent être considérées comme « tueuses ». De même, au sein des Gafam, la pratique est courante. Ainsi, les géants de la Tech auraient réalisé plus de 700 acquisitions d’entreprises depuis les années 2000 à des fins de contrôle de la concurrence. Deux chercheurs de l’Université de Liège ont mené une étude sur les acquisitions réalisées par les Gafam entre 2015 et 2017. Il apparait que 60 % des services acquis par les géants cessent d’être proposés sous leur nom d’origine après leur achat.
Les régulateurs en première ligne
Dans ce contexte, les régulateurs ont mis en place des garde-fous. Ainsi, le 30 novembre 2021, le gendarme britannique de la concurrence (Competition Markets Authority, CMA) ordonnait à Facebook de revendre Giphy, entreprise spécialiste de la production de Gifs que l’américain avait acquis en mai 2020 pour un montant de 400 millions d’euros. L’Union européenne s’est également emparée du sujet, les États membres ayant la possibilité de lui signaler certaines opérations d’acquisitions ou de concentrations.
Des opérations parfois diabolisées à tort
Ces opérations sont-elles pour autant toutes néfastes ? Dans une tribune publiée sur Les Échos, Hugues Calvet, avocat associé chez Bredit Prat, dénonce une vision simpliste consistant à opposer « David contre Goliath ». « Pour assurer leur développement, les entreprises innovantes ont un besoin objectif de financement. Et ce sont des investisseurs qui vont fournir les moyens à la « jeune pousse », en prenant des risques importants. Le retour sur investissement, le profit ultime, est affecté d’un aléa très significatif ». Et d’ajouter : « Ce profit ne peut résulter que de deux situations : soit la start-up rencontre un succès important ; soit elle ne peut pas se développer elle-même sur le marché et il faut qu’une autre l’acquiert (une «exit strategy»), à un prix à la mesure du succès escompté. Ce rachat très souvent, à l’encontre des idées reçues, permet un développement grâce aux ressources de l’acquéreur : distribution de la technique innovante, intégration dans le business model, combinaison des expertises coexistant dans le nouveau groupe, etc. »
Faites-vous accompagner
Pour les entreprises innovantes, la recherche d’une « exit strategy » leur permettant de poursuivre leur développement, doit se faire en amont de sorte à éviter toute acquisition à la hâte par une entreprise désireuse de brider leurs innovations. Étude de marché, identification des acquéreurs potentiels, valorisation, les experts d’AURIS Finance se placent à vos côtés.